
près
des recherches faites aux Archives Départementales, à l'hôtel Le
Vergeur et auprès de Monsieur l'Abbé GOY, nous pensons qu'il
n'y a jamais eu d'Abbaye à Chigny. Dans
les années antérieures, beaucoup de personnes gardaient
tout ce qui concernait la religion, c'est pourquoi on a pu retrouver divers
objets de culte dans les caves. Ces objets ne sont pas la preuve de la
présence d'une abbaye à Chigny. Des
recherches plus approfondies sont parvenues au premier nom connu de CHIGNY:
CANNIACUM.
Toutefois, Chigny, Rilly
et Villers-Allerand dépendaient de l'Abbaye de Saint-Remi.
En 1145, le village de Chigny apparaît parmi les seigneuries de
l'Abbaye, dans une bulle du pape Eugène III sous le nom
de CANNIACUM.
CANNIACUM
forme dans l'énumération des villages un groupe avec Villers-Allerand
et Rilly. La proximité de Chigny avec ces deux
localités et sa dépendance à leur égard, tant au
plan spirituel qu'au plan temporel, ne souffrent pas d'autre identification.


ntre 1182 et 1198, le trésorier de l'Abbaye acquit de Thomas
de Rilly un moulin à Chigny. Thomas continua de l'exploiter,
moyennant un trécens annuel de 20 sous. La légende dit qu'il
fallut supprimer un des moulins par manque de vent.
En
1218, l'abbé permit à chaque habitant d'avoir un four particulier
moyennant une redevance d'une poule et de quelques livres d'avoine.Un
péage existait sur le chemin royal au niveau du cimetière.
Le 25 Janvier
1247, WAUCHER de RILLY vendit à l'Abbaye toutes ses possessions
de Chigny, tant en ban et justice qu'en autres choses, pour 40
livres tournois. Il s'agissait de trois quartels d'avoine, de 20 deniers
parisis de cens annuel et de deux manants, tenus en franc alleu.
Entre 1276-1278, la tenue des plaids généraux à Chigny
et Rilly rapporta seize sous par an au Comte de Champagne. En Décembre
1277, Gérardon et Jesson, fils de feu Adam Cauchon
vendirent à Saint-Remi pour, quatre livres, quatre deniers, une
obole et trois mines d'avoine à Chigny avec les droits de vente
et de vêture et la justice, le tout possédé en franc
alleu.

es Comtes de Champagne avaient rattaché leurs possessions à la
Châtellerie de Louvois. Cette Châtellerie, encore unie
au domaine comtal en 1308 fut ensuite inféodée. Dès
lors, les seigneurs de Louvois détinrent une partie de Rilly.
Ils possédaient en outre, conjointement avec Saint-Rémi,
la vicomté sur les deux terroirs de Chigny et de Rilly.
L'organisation administrative de Chigny nous est bien connue, grâce
à un conflit qui s'éleva en 1331 entre Saint-Rémi et
Milon de Noyers, seigneur de Louvois. Les moines réclamaient
la juridiction aussi bien sur les chemins et dans les termes de la vicomté
qu'ailleurs.
L'Abbaye fut
maintenue dans la possession exclusive de la justice à Chigny et
à Rilly, sauf sur les chemins et autres dépendances de la
vicomté. Les bornages dans les termes de la vicomté étaient
faits par les échevins communs de Chigny et Rilly.
L'abbé de Saint-Remi est indiqué comme patron de
Rilly dans les pouillés de 1304-1312 et du XVème
siècle, et l'église comme succursale de Villers-Allerand.
Chigny ne figure dans aucun de ces pouillés, son église
est mentionnée pour la première fois le 16 Mai 1528. En
1353, le seigneur de Louvois percevait à Chigny et à Rilly
12 sous 6 deniers à la Saint-Basle, autant à Noël et autant à Pâques.
Trois fiefs dépendaient de cette seigneurie : un à Chigny,
un à Rilly et un à Trépail, estimé à 25 livres
tournois par an.

autier, qui était Chanoine de Saint-Etienne de Châlons
avait acquis ce fief le 25 Octobre 1349 d'Erard de Buzancy et de
son frère Robert. Il consistait à Chigny en une rente d'un
quartel de froment par feu, payable à la Saint-Remi.
Peu après, Gautier laissa son fief à Saint-Etienne
pour la fondation d'un obit. Dès le milieu du XIVème siècle,
l'impôt royal vint s'ajouter aux droits seigneuriaux.
En 1364 et 1365, Chigny et Rilly étaient imposés
ensemble à 86 francs. En 1366, une remise d'un tiers ayant été
accordée sur toutes les cotes, l'impôt tomba à 57 francs un tiers.
En 1367 et 1368, cette contribution fut encore réduite de moitié
pour les deux villages. Chigny et Rilly ne payèrent
que 28 francs deux tiers par an. On remarquera que les deux villages sont
toujours taxés ensemble, mais jamais avec Villers-Allerand.
En outre, ils étaient obligés de contribuer à l'entretien
des fortifications de Reims, où leurs habitants se réfugiaient
en cas de péril.


l y avait alors 32 feux à Chigny. Le paiement de cette rente n'allait
pas sans difficultés, si l'on en juge par une déclaration
du temporel de 1472. Le
chapitre cathédral de Reims avait en une partie de Chigny
toute justice temporelle en 1384 avec un maire spécial pour l'exercer
et percevoir les cens. Le seigneur de Louvois avait d'ailleurs
un maire pour exercer ses droits dans les deux villages. La seigneurie
de Saint-Rémi sur les deux terroirs relevait du prévôt
de la montagne. On pourrait croire, d'après une déclaration
de 1384, que les deux villages étaient de simples dépendances
de Villers-Allerand. La diminution de la population et des revenus
pendant la guerre de 100 ans aurait pu amener la réunion en une
seule ferme des droits seigneuriaux dans les trois villages.
Le 18 Novembre
1386, Huard le Tonnelier a fait legs de tous ses biens à Chigny
au couvent de Saint-Remi. En 1448, Jesson Le Cannardel de
Ludes, qui possédait des vignes à Chigny, refusa de
payer la dîme de ses vins, à raison de deux setiers et demi par queue.


Chigny, l'abbé de Saint-Rémi, qui possédait
une censé importante, avait le droit d'exiger de tous les habitants
non clercs et non nobles, possesseurs de chevaux, trois corvées
annuelles de ces chevaux : une en mars, une à l'ahan des froments, et
une aux versaines. Jean Hourel, Oury Bourfaut et Jean
Eget refusèrent néanmoins de s'en acquitter en 1449.
Eux et les autres habitants de Chigny prétendaient passer
à volonté dans la cour et les jardins de l'abbé. A Chigny,
il n'était pas permis d'élever un pressoir sans l'autorisation
seigneuriale.
Jean Frizen,
apothicaire à Reims, osa en construire un, et qui plus est, avec
des arbres coupés dans les bâtis de Chigny. Menacé
de poursuites, il reconnut les droits de l'Abbaye le 17 Janvier 1499,
et s'engage à lui payer une demi-livre de cire tous les ans à la Saint-Martin.
Moyennant cette redevance, il put conserver son pressoir et pressurer
pour autrui.
En 1528, on
comptait 40 pressoirs par village. Un maire spécial de Chigny
et de Rilly est nommé en 1528. Des notices collectives ne
suffisent pas pour affirmer la dépendance à l'égard de Villers-Allerand.
L'existence d'un échevinage propre à l'égard de Villers-Allerand,
même avec un fermier commun pour la mairie des trois villages.
La mense abbatiale
possédait à Chigny une maison avec prés, bois, vignes,
jardins et l'abbé prétendait avoir seul le droit de justice.
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